vendredi 27 novembre 2015


Devant l'horreur


Ne le cherchez pas dans la certitude des docteurs,
Dans les dits des prophètes,
Dans les rites, les prières et les hymnes,
Dans la pierre des écrits sacrés,
Dans les incantations, les vœux, les sacrifices,
Dans les figures, les images, les symboles,
Les promesses, les bonnes paroles,
Car il n’est réductible à rien.

Ne le haïssez pas dans la folie des inquisiteurs,
Dans la haine glacée des radicaux,
Des purs, des orthodoxes,
Des gardiens vétilleux d’une tradition qu’ils ignorent,
Car, même pour qui croit l’entendre,
La parole venue de sa bouche
Se déforme dans le conduit de l’oreille.

Qui croit le posséder ou le détruire
Est comme celui qui ferme le poing
Pour  saisir le vent ;
Car l’esprit de vie est un Souffle imprévisible,
Un frémissement qui parcourt l’âme,
Une trouée de lumière,
Qui s’entre-aperçoit mais ne peut se dire.


mercredi 25 novembre 2015


En attendant Godot
 
Théâtre national  de Strasbourg
du 18 au 28 novembre 2015 

« En attendant Godot", un spectacle pleinement abouti, miracle d'équilibre entre le texte, dont la force dramatique est pleinement servie, le jeu sur le fil des comédiens, qui en assument la part burlesque comme fil rouge de l'action, comme signe tragique ; la scénographie, la création lumière entrent dans la poésie d'ensemble... Un plaisir esthétique et sensoriel rare !

jeudi 12 novembre 2015



Répétition
 Un exercice de style réservé à l'entre-soi théâtral
Texte, mise en scène et chorégraphie de Pascal Rambert
Théâtre national de Strasbourg
21 octobre - 7 novembre 2015

Ainsi donc, c'est une performance ? Dommage, quand on prétend ouvrir le théâtre à ceux qui n'y sont pas habitués. Car rien n'est fait pour eux. Tout, au contraire transpire le snobisme  : une langue brillante mais qui ne cesse de se prendre en miroir ; un discours presque exclusivement cérébral, qui ne trouve rien d'autre qu'une évocation juvénile de la sexualité pour donner le change, l'apparence d'une incarnation ; un verbiage qui tient lieu de pensée, une dramaturgie fondée sur un dispositif rhétorique à la fois prétentieux et prévisible et donc ennuyeux  ; des personnages empêtrés dans leurs considérations narcissiques et bourgeoises, tout en prétendant à un engagement politique de type marxiste, d'ailleurs en train de voler en éclat pour un simple échange de regards ; une scénographie qui hésite entre installation d'art contemporain et décor vériste ; des lumières aux effets aléatoires (toujours le côté « installation » ?) et dépourvues de signification dramatique ou poétique ; une adresse à la jeunesse d'une pathétique naïveté ; des comédiens transformés en pantins dans une "chorégraphie" dérisoire. La critique nous parle de "provocation", "de corps sensuels" de défi ... Provocation de qui ? Pour remuer quoi ? Les postures de collégiens peuvent choquer, voire intéresser un moment. A la fin, elles ne font que se répéter. Et bégayer.
Ainsi donc, le roi est nu, alors même qu'il reçoit des prix et que tout la presse l'encense. Pardon si le modeste tailleur l'a vu.